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rezgui smail ...un chateur pein de talent
05/12/2009 06:18
A première vue, on se laisse abuser par son allure tout à fait ordinaire, avec son air un peu timide, tempéré par des éclaircies de sourire. Mais dès qu’il ouvre la bouche, les mots sortent comme arrangés par quelque architecte intérieur. Il affectionne les mots du terroir, transfigurés par la métaphore. La terminologie est recherchée même dans les banales discussions à tel point que c’est pour lui une seconde nature. On voudrait que cet homme de 35 ans ne s’arrête pas de parler. Et quand il prend son mandole, pour chanter la première chanson qu’il avait présentée à l’époque chez Hamid Medjahed à la Radio chaîne 2, il fait montre d’une virtuosité saisissante. Ses mélodies versent, comme par tempérament, dans la mélancolie. Et c’est l’émerveillement. Actuellement a à son actif une vingtaine de chansons depuis qu’il a commencé à composer lui même en 1980. Mais il collabore volontier dans la poésie ou même la mélodie. Il nous dit “la poutre porteuse de la maison kabyle (assalas) ne peut être soulevée par un homme seul. Il faut se mettre à plusieurs pour un bon ouvrage”. Son genre présente des similitudes avec celui des Ath Douala, fait de mélodies langoureuses, mélancoliques, un effort permanent dans la thématique, le tout porté par une voix grasse, jaillie d’une profonde sensibilité. Il est tout à fait surprenant, certainement déplorable, qu’un artiste aussi talentueux n’ait pu avoir accès à une maison d’enregistrement. Il n’a pas les moyens d’autofinancer la mise sur le marché de ses créations. “Les producteurs ne veulent pas courir de risques avec un inconnu”, nous dit-il. La création artistique, chez nous, est encore subordonnée au pouvoir de l’argent. En attendant, Smaïl court les fêtes familiales ou municipales. Dans la région de Tizi Rached, il est adulé et on l’a surnommé affectueusement, Smaïl Jackson. En tous cas, quiconque l’écoute ne manque pas de tomber sous le charme. Et on lui souhaite toute la réussite qu’il mérite.
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